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L'AVIS DE MOWGLI

Avis de mowgli sur des Visages des Figures du 04.09.2001

Ne me demandez pas comment mais j'ai le tout dernier album des Noir Désir entre les mains depuis plus d'une semaine, bien que sa sortie officielle soit programmée pour le 11 septembre (bientôt donc). Avant de me jeter sur Ciao pour me vanter de ce petit bijou, je tenais à écouter plusieurs fois l'album au complet afin de me faire une idée plus juste.

Une galette de Noir désir ne s'accueille pas à froid et s'apprécie à la longue, surtout après une attente de 5 ans, date de sortie de leur dernier véritable album (entre temps il y eu l'album remix « one trip, one noise » puis « en route pour la joie » un triple album compilatoire).

Sur ce nouvel opus intitulé « des visages des figures», Noir désir le groupe de rock français de référence fait donc sa rentrée avec 11 nouveaux titres + un morceau intitulé « l'europe » d'une durée approximative de 24 minutes ( ! ! !) dont je ne sais encore si elle sera présent sur l'album officiel, au moins en version courte. (Au derniers dires, il semblerait que la version longue soit accessible aux acquéreurs d'une éventuelle version limitée) Ce nouvel album plus intime, aborde une sonorité acoustique mise en avant, sur une ambiance électrique saturée de fond. Je rassure de suite les fans en précisant qu'ils retrouveront sans contexte cette « patte » si caractéristique du groupe, avec ce son si propre aux Bordelais, et des chansons incendiaires, sombres, sans concession qui ne font que confirmer le talent indubitable du groupe, fidèle à sa morale rock.

Bertrand Cantat au passage y a laissé de la voix (dégâts irrémédiables de sa maladie). Bien que sur certains morceaux on retrouve ses poussées vocales d'antan (« son style », « le grand incendie »), son ton paraît tout autre,. Sa voix métamorphosée semble sur le fil, à la limite de la rupture. Bertrand plus fragile gagne en sensibilité, notamment sur « des armes » (la reprise de Léo Ferré) explosée par une montée soudaine d'intonation et un jeu subtil de changement de gamme. Le groupe autour de Cantat suit cette métamorphose en ponctuant certains morceaux (sur « l'appartement » entres autres), d'effets métalliques saturés (parasites de radios, rifs de guitare achevées, pianos éclatés, frottements divers) sur des fonds d'ambiance chargés de graves et de basse ronflantes. « l'europe » morceau ultime, exploite au maximum ces effet de style. Noir Désir s'y jette corps et âme pour un titre explicite, aux textes à vifs, crus, sans équivoques. Objectifs : « continuer de bouger, de respirer, d'explorer, d'être honnête avec notre évolution interne » pour reprendre leurs propres termes.

“« Des visages des figures » l'album vit de lui même et n'est en aucun cas le vague reflet d'albums précédents.”

D'autres titres tels que « Le vent nous portera (réalisé a l'acoustique avec Manu Chao) », « L'enfant roi », « A l'envers à l'endroit » ou « bouquet de nerfs », s'axe franchement autour de sons acoustiques épurés. Plus classiques dans la forme ces titres permettent de « calmer » l'ensemble de l'album tout en mettant en valeur d'autres instruments (harmonica, flûte, jumbé, viole, violoncelle, xylophone). N'allez pas croire pour autant que la pression rock baisse d'un cran lors de l'écoute de ses morceaux. Noir Désir veille et ne rate pas une occasion de s'offrir un break pour éclater la corde, enfoncer la caisse claire, écorcher la voix, à l'instar de « lost » qui décolle en cours de route vers des couplets plus bruts ou de « bouquet de nerfs » qui s'achève sur la voix de Bertrand Cantat gueulant sur un fond de quatuor à corde ivre.

« Des visages des figures » l'album vit de lui même et n'est en aucun cas le vague reflet d'albums précédents. La nouvelle voix de Bertrand Cantat obligeait presque cette option mais je n'en attendais pas moins de ce groupe épatant qui ne sait pas ce que « se reposer sur ses lauriers » veut dire, qui ne cherche en aucun cas à flatter un public acquis. Parfois calme, parfois à cran, constamment nerveux, cet album s'écoute de diverses manières : au casque, seul, la chaîne à bloc, à plusieurs. Un CD inévitable.

Mowgli
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