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Accueil / Spécial Noir Désir
/ 21.07.01
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NÎMES (JUILLET 2001)
Noir Désir
triomphe dans l'arène
Jeudi 19 juillet, le quatuor bordelais à
l'affiche du festival avec Ben Harper, Muse et PJ Harvey a renoué
avec la scène, devant 12 500 spectateurs. Nouvel album le 11
septembre
Par : Stéphane C. JONATHAN envoyé
spécial

Bertrand Cantat et Noir Désir ont reçu à Nîmes
l'ovation d'un public avide de retrouvailles
Jérôme Rey, «
la Provence »
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« Prendre la scène... Comme elle vient, encore et encore » :
jeudi soir, Noir Désir a triomphé dans les arènes nîmoises, où il
clôturait l'affiche du second soir du festival. Le public nîmois,
venu massivement applaudir ses « sombres héros », s'est entiché du
power trio anglais Muse. Mais n'a réservé à la classieuse PJ Harvey
qu'un accueil poli, un peu distancié. Ostentatoirement affamé de ces
retrouvailles avec le groupe bordelais, la foule a offert à Noir
Désir, dès les premières notes, une ovation à faire trembler les
pierres des arènes gallo-romaines.
Ainsi ont débuté les
quatre-vingt-dix minutes d'un récital ouvert sur les plus anciennes
compositions du groupe (« Si rien ne bouge », « Pyromane »...),
balancées à vif après une longue introduction en forme d'impro aux
accents orientaux. Noir Désir déroule son set en puisant largement
dans ses classiques, enchaînant « Danse sur le feu, Maria », « la
Chaleur », « Marlène » (repris en choeur par les 12 500 spectateurs
transis)... « Le Fleuve » et « One Trip, One Noise » qui s'habillent
d'oripeaux hypnotiques tressés par la guitare incisive de Serge
Teyssot-Gay et l'indomptable saxophone du jazzman hongrois Akosh.
Sans
trahir les particularismes qui forgent son identité visuelle (les
lights exclusivement blancs et rouges, les sauts nerveux du
guitariste) et sonore (le mariage de vocaux abrasifs et d'envolées
presque « croonées » de Bertrand Cantat, la frappe assommante de
Denis Barthe, la souplesse des basses de Jean-Paul Roy), Noir Désir
habille les meilleurs moments de son répertoire d'arrangements
nouveaux : l'hymne « Tostaky » y gagne encore en énergie; le
tubesque « Homme pressé », en efficacité; « A l'arrière des taxis »,
en rage incandescente.
« LE VENT L'EMPORTERA
»
Parmi ce florilège d'anciens morceaux, tous guettaient les
nouvelles chansons des hommes en noir : trois étaient inscrites au
menu du concert nîmois; le groupe n'en jouera que deux : « Son style
», d'abord, rengaine électrique au roulement classique, ponctuée
d'un astucieux gimmick vocal. Puis (et surtout) « Le vent
l'emportera », interprété en formation intégralement acoustique :
syncope ska-latino, ligne de guitare virevoltante, chant posé pour
ritournelle pop... Ce qui sera le prochain single (lire ci-après)
renferme tous les atouts accrocheurs du tube en puissance. Avec une
légèreté feinte, voisine de celle qui a offert à Manu Chao
l'escabeau pour décrocher la lune.
Depuis l'éreintante tournée de 1997,
on n'avait guère eu l'occasion de croiser les Noir Désir sur scène.
Au cours des douze derniers mois, le groupe, prioritairement
concentré sur l'écriture de son prochain album, n'avait donné qu'une
poignée de concerts, le plus souvent en connexion directe avec ses
engagements profonds : à Millau, lors du rassemblement de soutien à
José Bové; au festival Un autre futur, patronné par la Confédération
nationale des travailleurs (CNT), ou en soutien au GISTI (Groupement
d'information et de soutien aux travailleurs immigrés), lors du 10e
anniversaire du Krakatoa de Mérignac.
Cet été, Noir Désir a donc repris la
scène... « comme elle vient », pour sillonner la route des festivals
: le coup d'envoi a été donné sous une pluie battante, le 14
juillet, à Thonon-les-Bains, en Savoie, avec Virago. Le lendemain, à
Vienne, le groupe précédait Higelin. Et dès la fin du concert de
Nîmes, dans la nuit de jeudi à vendredi, les Bordelais regagnaient
la Bretagne en tour-bus : hier soir, à Carhaix, au Festival des
vieilles charrues, Bertrand Cantat devait se joindre au récital du
chanteur breton Denez Prigent. Et ce soir, Noir Désir y jouera en
tête d'affiche, après Mickey 3D.
Suivront une date à Fourvières
(Rhône) et un mini-concert pour les détenus de la prison de Lyon.
Enfin, début août, le groupe s'envolera pour Budapest et son
festival international, qui le fera tutoyer Run DMC et Eagle Eye
Cherry.
Cinq p'tits tours et puis s'en vont : aucune tournée n'est
programmée dans la foulée des escapades en festivals. Malgré la
parution imminente du sixième album studio.
SEPTEMBRE EN
ATTENDANT
C'est le 11 septembre que sortira « Des visages, des figures
», le nouvel album de Noir Désir (1), aboutissement de dix-huit mois
de répétitions et d'enregistrements sur trois continents.
En janvier 2000, le
groupe a passé près d'un mois au Maroc, où il a craché les premiers
jets d'écriture de son nouveau répertoire. Dans la foulée, Noir
Désir a travaillé pendant près de deux mois à Monteton, en
Lot-et-Garonne. A l'automne dernier, le producteur Jean Lamoot
(Bashung, Daho, Thiéfaine...) les accompagnait au Studio Recall de
Pompignan, près de Nîmes. Là, Bertrand, Denis, Serge et Jean- Paul
ont mis six titres en boîte, dont une improvisation de vingt-deux
minutes, « l'Europe », enregistrée avec Brigitte Fontaine.
Début
2001, à Paris, Noir Désir retrouvait Brigitte Fontaine pour une
chanson (« Baby Boom-Boom ») à paraître sur le prochain disque de la
chanteuse. Lors de ces sessions parisiennes, Manu Chao qui bouclait
« Proxima Estacion : Esperanza » dans le studio mitoyen a enregistré
une partie de guitare sur « Le vent l'emportera », le prochain
single de Noir Désir, déjà en rotation sur certaines radios.
Enfin, au
printemps, les Bordelais s'envolaient pour New York pour un mois et
demi de prises et de mixes avec Nick Sansano, remarqué pour son
travail passé avec Public Enemy, Jon Spencer Blues Explosion, Zebda
et IAM. Le mixage final de l'album a été bouclé à Léon, dans les
Landes, ces tout derniers jours : les musiciens ont pu écouter leur
album masterisé pour la première fois jeudi, juste avant de monter
sur la scène des arènes de Nîmes.
(1) Barclay/Universal Music. |
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